Attention, ici il s'agira uniquement du travail à la longe chez un cheval adulte et non son utilisation pour le débourrage et le dressage.
Un article plus général, en complément des récits de séances de travail du cheval à la longe que vous pouvez trouver au fil de cette rubrique:
Pourquoi longer un cheval?
Les buts sont multiples pour ce travail qui est pourtant souvent pratiqué de façon peu profitable au cheval : assouplir le cheval, favoriser l'incurvation, l'engagement des postérieurs, la cadence, la régularité des allures, le soutien, canaliser l'impulsion, le placement de la tête à l'aide d'enrênements divers, le faire débuter à l'obstacle, améliorer le rassembler, étendre la ligne du dessus, arrondir, comme préalable au travail en liberté..., entretenir la condition d'un cheval ne pouvant être monté, échauffer un cheval sans le poids du cavalier avant de le monter ou avant de le mettre au pré s'il n'a pas l'habitude (pour limiter les risques d'un débordement de gaieté arrivé au pré, mieux vaut que ses muscle soient déjà un peu chaud!)...
Cela permet au cavalier d'observer son cheval libéré de son poids, d'apprécier les détails de sa locomotion.
Cela renforce les codes vocaux et la relation avec le cavalier.
...Beaucoup de bonnes raisons en théorie...beaucoup de risques dans la pratique...d'autant plus que c'est une discipline qui n'est quasiment jamais enseignée en club et que l'on apprend là encore sur le tas... avec tous les risques que cela comporte...
Les risques d'un travail en longe mal conduit
Longer ne s'improvise pas. C'est un art difficile qui peut faire beaucoup plus de mal que de bien s'il est mal pratiqué. Imaginez un cheval vivant au box dont il n'est pas sortit depuis une bonne vingtaine d'heures et qu'on déciderait de laisser se détendre en longe avant de le monter (cella part hélas d'un bon sentiment!).
Si, bien menée, cette détente peut être bénéfique, trop souvent elle se révelle être désastreuse : le cheval part ventre à terre au galop, tourne en bateau (en arrachant au passage le bras du longeur),les jarrets en vrille, tête tournée à l'extérieur, part en sauts de mouton en tout genre avec une réception plus ou moins assurée, au pire se fauche dans un virage, s'arrête complètement essoufflé au bout de quelques tours et repart en rugissant dans l'autre sens ...
Résultat? imaginez-vous faire un sprint au réveil après avoir passé 20 heures sans pouvoir bouger et sans aucun échauffement.... au mieux de sérieuses courbatures et de grandes difficultés pour la séance de travail qui va suivre, au pire un problème articulaire ou tendineux...
Autre risque : contraindre le cheval par un enrênement mal réglé à prendre une attitude contraire à sa morphologie ou fixer l'enrênement dès le début de la séance sans laisser de temps d'échauffement... là encore désastre assuré au niveau du dos...
Il faut avoir une idée très précise en tête de l'attitude du cheval que l'on veut obtenir, veiller à ne pas la laisser se détériorer. La position du longeur est capitale et il faut avoir conscience que chaque mouvement de son corps est pris comme un signal pour le cheval : se déplacer légèrement vers ses postérieurs suscitera une accélération alors que le même geste vers l'encolure ralentira le cheval, une chambrière trop pointée fera dévier les hanches. La longe répercute de façon décuplée dans la bouche du cheval les gestes du longeur mais en revanche lui ne reçoit quasiment rien des signaux envoyés par la bouche du cheval...
Comment longer son cheval?
Protéger les membres du cheval (guêtres, cloches)
Tout dépend ensuite du but recherché : s'il s'agit uniquement d'une détente ou d'une séance basée sur la communication, un simple licol suffit, ce qui favorise en plus les changements de direction.
En revanche s'il s'agit de muscler, cadencer...là un enrênement sera bénéfique, de préférence simple, fixé uniquement après 10 minutes de détente et ajusté progressivement. La tradition voulait que l'on ne longe jamais sur le mors mais en caveçon pour préserver la bouche du cheval, ceci est fort louable mais malheureusement un caveçon mal réglé fera autant de dégâts..peut être préférer alors un mors doux à gros canon et olives (pour rester bien en place dans la bouche du cheval), des systèmes d'alliance de longe permettent de faciliter les changements de direction, on peut sinon fixer la longe en colbert ou en gourmette en passant la longe à la fois dans l'anneau du mors et dans la muserolle ce qui adoucit un peu l'effet.
Déroulement d'une séance de longe
Définir au préalable le but (détente, communication, muscu...) de la séance et l'objectif précis recherché (obéissance à tel ordre vocal, travail de l'amplitude au trot, de la rectitude dans les transitions...) et de la façon dont on va s'y prendre. Etre à l'écoute du cheval pour réguler en fonction de ses réactions, de son état physique et moral (attentif, distrait, chaud, inquiet...)
D'abord et encore plus si le cheval sort du box, un échauffement très progressif avec un seul impératif : le calme! Quitte à marcher simplement le cheval en main 10 minutes si l'on pense qu'il va partir comme un fou dès qu'il sera en bout de longe! Le cheval doit apprendre à rester aux ordres au bout de la longe comme il le serait avec son cavalier sur le dos. Donc 10 minutes sur un grand cercle (en commençant par le côté où le cheval est le plus à l'aise) ou en main, au pas et petit trot pour mettre aux articulations et aux muscles de s'échauffer tout en douceur.
Ensuite si il y a lieu on peut mettre en place l'enrênement que l'on ajustera peu à peu.
Le travail peut ensuite commencer , pas plus de 20 minutes car la présence de l'enrênement et le travail sur le cercle est extrêmement contraignante pour le cheval : beaucoup de trot (garder le cheval droit sur le cercle,amplitude, cadence,tension constante de la longe ...) autant de temps à chaque main, transitions (veiller à l'engagement et la rectitude), barres au sol, arrêts, demi-tour, déplacement des hanches, agrandir-rétrécir le diamètre du cercle en conservant la même incurvation, cadence, régularité, équilibre, rectitude (les principes sont toujours les mêmes!) reculer...et pourquoi pas piaffer!
La position du longeur est capitale, les signaux
renvoyés par son corps, sa gestuelle, sa voix.. rien n'échappe au cheval!
Le travail avec des cavalettis disposés en éventail (4, écartés de 80 cm environ pour un passage au pas à l'intérieur, 1m40 pour un travail au trot allongé à l'autre extrémité, passage au trot moyen au milieu, jusqu'à 30 cm de haut), outre le fait qu'il peut relancer l'attention du cheval, l'oblige à se grandir, à décomposer son geste, renforce son équilibre, développe la mobilité de ses épaules et sa souplesse tout en mettant en jeu de nombreux muscles. La réussite de leur franchissement demande aussi une bonne concentration et un placement irréprochable de la part du longeur!Il intervient en fin de séance, lorsque le cheval est bien détendu et la communication bien installée : une demi-douzaine de passages à chaque main, entrecoupés d'autres demandes (petite volte, transition, arrêt..) pour renforcer l'attention.
Attention quand même pour maintenir l'attention et la motivation du cheval de ne pas enchaîner des cercles et des cercles sans rien lui demander! Attention, les enrênements sont pour la plupart faits pour s'utiliser uniquement au pas et au trot et sont très néfastes au galop (allure dissymétrique) . Le chambon est sans doute le moins risqué. Ils ne doivent provoquer un inconfort que lorsque le cheval sort de la position voulue mais en aucun cas l'y contraindre de force : le cheval doit adopter de lui même la position voulue si l'on veut que ce soit profitable ! Le diamètre du cercle doit rester assez important pour ne pas avoir de conséquences néfastes sur les jarrets.
Fin de la séance : on peut demander quelques mouvements de travail à pied, on enlève l'enrênement, on laisse au cheval la possibilité d'étendre son encolure...et pourquoi pas celle de se rouler voluptueusement dans le sable....