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Ah les trotteux.... j'ai toujours eu un faible pour les membres de cette race...il faut dire que depuis mes premiers pas dans le monde du cheval, j'en ai croisé de nombreux!
12 ans de ma vie passés à deux pas  de l'hippodrome de Vincennes, ça laisse des traces!
J'ai eu l'occasion aussi quelques années plus tard de traîner un peu mes bottes du côté de Grosbois, quand aux nombreux trotteurs montés et travaillés ... leur présence a d'ailleurs été souvent le seul point communs des écuries que j'ai fréquentées, dans le plupart il y avait bien au moins un brave trotteux!

Et puis des cas, des réformés pas très bien dans leur tête avec leurs nouveaux propriétaires, d'autres mis avec bonheur en amazone, enfin la mère d'Eros trotteuse pure souche ayant courue à Vincennes...
Bref, un sujet qui ne me laisse pas indifférente!

Un redressage parfois délicat, mais quand on parvient au bout, quelle relation et quelles satisfactions avec ces merveilleux compagnons!


Quels problèmes particuliers avec eux?

-une bouche souvent....en béton tout au moins pour les plus âgés des réformés....due à des mors et des enrênements très durs, visant à empêcher le cheval de galoper.
- une attitude très sur les épaules, dos à l'envers.


Séance "type" une fois les préalables (article précédant) acquis : une détente travail à pied pour s'assurer de la communication -détente en longe pour qu'il échauffe son dos tranquillmenet et s'oriente dans le bon sens, révision du montoir , puis séance montée .

Pour les premières séances , le temps en longe sera le plus important, peu à peu c'est la durée de la partie montée qui l'emportera jusqu'à au bout de quelques mois pouvoir le monter directement.


Points à travailler :


- le contact avec le mors, objectif : qu'il vienne se poser sur le mors, sans tirer (il se servirait de la traction pour accélérer encore plus!)

l'idéal est de travailler dans une petite carrière, pour mieux canaliser le cheval, les grands espaces, ce sera pour plus tard!, ne pas hésiter sinon à fermer une partie de la carrière pour en limiter la taille , rênes longues en début de séance, au pas, qu'il s'étende,  pas de bagarre, juste exiger de rester sur la piste, et quand la cadence redevient raisonnable, on prend un contact tout doux, en s'aidant beaucoup de la voix..... utiliser un mors tout doux, de préférence à aiguilles au départ pour l'aider à comprendre un peu mieux les aides, patience, douceur et longueur de temps..... incurver, céder dès qu'il cède, rênes longues, incurver, céder, rênes longues....grands cercles, diagonales, grands cercles....

lui apprendre l'extension d'encolure, le travailler bas et étendu au pas , sur des barres au sol, des grands changements de direction


- la cadence du trot, très rapide..

On travaille au pas, incurvation, déplacement latéraux, arrêt, pas, et quand le cheval est dans une bonne attitude, on demande une transition au trot, sur le cercle (au moment de rejoindre le petit côté par exemple pour plus de contrôle), pour conserver l'attitude, qqs foulées de trot, le plus petit possible, s'aider de la voix et surtout repasser au pas avant que cela ne se gâte et que le cheval n'est l'idée d'accélérer! Et on recommence au tour suivant...Au fil des séances, on augmentera progressivement la durée, jusqu'à pouvoir faire un cercle complet au petit trot, incurvé, à chaque main : déjà une sacré réussite! On attaquera ensuite le trot en ligne droite, toujours en gardant l'idée de repasser au pas avant l'idée de l'accélération. C'est un travail contraignant pour le cheval, contraire à tout ce qu'on lui a appris jusqu' là! Il faut parvenir à le conditionner en sens inverse : le confort et la récompense c'est quand tu trottes doucement! Là encore, travail en extension d'encolure et s'aider de barres au sol.

L'amélioration de la cadence au trot se fera aussi par un travail progressif en longe, à l'aide de barres au sol (voir l'article consacré au travail en longe en archive).


 - continuer à muscler dans le bon sens et découvrir l'extérieur : longues balades au pas au côté d'un cheval sage (n'envisager qqs foulées de trot qu'au bout d'une dizaines de sorties au pas, bien calé derrière l'autre cheval et sur une très courte distance et tout doucement, récompenser le retour au pas, recommencer un peu plus tard, augmenter d'une foulée à chaque réussite en gardant les mêmes exigences, cadence, équilibre, lenteur) l'extérieur est la meilleure salle de musculation possible!


 

- la souplesse, qui n'est généralement pas leur point fort : travailler l'incurvation encore et toujours, d'abord au pas, puis au petit trot sur de très grands cercles que l'on resserrera au fil des semaines, demander des transitions très nombreuses, en essayant de garder le contact et une attitude la plus vers le bas possible, et très vite des mobilisations latérales, d'abord en main puis monté: chasser les hanches, bouger les épaules, puis quelques pas hanches en dedans, on remet droit, épaule en dedans, on remet droit, hanches en dehors, le tout très léger, avec un angle assez faible au début, mais de façon très régulière. S'aider de plots pour tourner autour, faire dans le ludique (slalom, couloir de barres...) pour se motiver d'avantage. Travailler le passage des coins (s'aider de plots là encore) L'idée : peu mais souvent!
Et travail régulier (et juste!) en longe.

 De nombreuses séances plus tard, on attaquera le reculer monté (commencé en main depuis le début) et toujours , en s'aidant de barres au sol, on travaillera les extensions d'encolure, au pas puis au trot, en conservant contact et engagement des postérieurs (histoire de ne pas le remettre sur les épaules!)

-lui apprendre à s'équilibrer, beaucoup de transitions, avec le moins de main possible


 

-le galop! Ah le galop!!!! interdit au trotteux depuis le début de leur entraînement, de façon souvent assez coercitive.... source de stress voir de panique pour eux... Point sensible donc! D'abord se souvenir que ces chevaux savent galoper (poulains au pré ils galopaient sans soucis) et que le problème est avant tout psychologique.

Premier point, oublier le galop les premiers temps du redressage, attendre qu'une certaine habitude du travail monté soit prise, qu'une certaine confiance soit installé, avec des codes vocaux assimilés, et surtout que le travail de musculation et d'assouplissement lui permettent de galoper sans douleur! Ce n'est pas la peine de vouloir galoper tant qu'on n'a pas obtenu un petit trot cadencé, équilibré, avec une incurvation correcte sur de grands cercles, et une bonne mobilisation latérale au pas!

3, 4 mois de travail seront peut-être nécessaire avant d'envisager la première séance de travail consacrée au galop! Et entre temps d'ailleurs, le cheval, mieux dans sa tête, mieux dans son corps aura peut-être redécouvert de lui même le galop au pré ou lors d'une détente en longe!


Comment commencer? D'abord observer le cheval au pré et repérer s'il galope, et si oui sur quel pied il semble plus à l'aise pour lui demander en priorité de ce côté là.

Pour les premières demandes, moins contraignant pour les articulations que la longe, on peut travailler le cheval en liberté à condition d'avoir un grand rond de longe. 

Lui apprendre à partir au galop à la longe ou en liberté et à la voix sur un très grand cercle au départ.
Il faut qu'il comprenne que le galop n'est pas interdit et même demandé, n'est pas une allure si inconfortable que ça, ne va pas entraîner punition mais récompense! et que le galop n'est donc finalement  pas source de stress mais de plaisir!

Commencer donc sans cavalier, pour dédramatiser et commencer à muscler, puis quand l'ordre vocal est bien établi et que le cheval tient son galop sur plusieurs cercles en longe dans une cadence pas trop rapide, on peut demander les premiers départs montés.L'idée, là encore peu mais souvent! Ce n'est pas en galopant n'importe comment pendant des tours et des tours que l'on améliorera l'allure! C'est en multipliant les départs, en ne galopant que deux ou trois foulées, cadencées, équilibrées, en repassant immédiatement au trot et au pas que l'on améliorera le galop. Demander au départ la transition toujours dans le même coin, en associant l'ordre vocal et les aides classiques, sans autoriser de précipitation dans le trot avant le départ. Féliciter énormément la réussite, mettre pied à terre, arrêter la séance là dessus. En cas d'échec, toujours commencer par calmer le jeu, redemander et si le cheval n'est pas prêt continuer à stabiliser le galop en longe.

Ne pas demander le galop à chaque séance montée. C'est contraignant, stressant, alterner un jour galop en longe, un jour séance montée sans galop, un jour séance montée avec.

Instaurer une routine, fin de séance, deux départs au galop, pas plus de quelques foulées, récompense et retour au pré ou petit tour en extérieur. Si quand il a compris il "chauffe" à l'approche du coin stratégique, repasser au pas, demander un autre exercice, c'est le cavalier qui demande , pas le cheval qui part tout seul!

L'extérieur peut-être d'une grande aide pour débloquer le galop : une petite montée, un copain "maître d'école", l'ordre vocal et l'association des aides...et là encore rassurer et récompenser. L'idéal aussi, une petite montée avec un petit obstacle en bas (ruisseau, fossé, petit tronc..;) que l'on va sauter, et demander le départ au moment du saut, le saut peut faciliter le déclenchement du galop à la réception. 

Attention, au départ il est normal que la cadence soit assez soutenue, le cheval n'est physiquement pas prêt à faire autrement cela viendra par la multiplication des départs, le travail général d'assouplissement.

attention : ne pas donner d'appui sur la bouche : appui = accélération, tout le contraire de ce que l'on cherche!


Pour certains chevaux, jeunes, ayant peu ou pas couru, tout cela ne prendra peut-être que quelques semaines , pour d'autres il faudra peut-être un an de travail régulier, peu importe, ce sont les bases des années à venir qui sont en jeu, alors rappel de la règle d'or : patience....pour que le réformé des courses devienne par exemple un parfait cheval de dame...; à l'image du grand bai de droite...


 

On pourra ensuite commencer à le « spécialiser » dans la discipline que l'on souhaite pratiquer, comme un cheval « normal »!

Pour la découverte de l'obstacle, comme avec les jeunes chevaux, l'idéal est de commencer en liberté, avec d'abord une barre au sol dans un couloir de barres, Le cheval va apprendre à se cadencer et à aborder de plus en plus tranquillement la barre au sol dans un premier temps ( prévoir un couloir de barres sur les côtés pour bien le canaliser vers la barre au sol )Il va aussi comprendre progressivement comment coordonner ses membres pour passer la barre au trot et au galop.
A partir de là, lorsque le franchissement de la barre n'entraîne pas de perturbation de cadence, on pourra monter la barre, d'abord une petite croix , puis quand le cheval est calme, cadencé et régulier, avec des sauts ronds, le garrot qui monte et l'encolure qui s'étire vers le bas, on peut passer à des droits et oxers classiques puis envisager la même chose, mais monté! Le saut doit être un jeu, associé comme le galop à du plaisir (récompense, fin de séance).

 

Et garder toujours en tête...Demander peu, récompenser beaucoup....

 

  N'héistez pas là encore à compléter en commentaire ou à poser des questions si ce n'est aps clair!

 

Un article complémentaire:

http://www.cheval-savoir.com/195-trotteur-reforme-achat-adoptionLe trotteur réformé : une bonne idée ?

 

L’achat d'un cheval réformé des courses est en principe une bonne idée car, une fois passée la période des courses (allant de pair avec une suralimentation et un certain stress) ces chevaux s'avèrent souvent de très bons compagnons.
Le trotteur s’acquiert pour un prix très attractif, surtout quand il est réformé des courses. Mais le fait qu’il ait tiré un sulky ne fait pas de lui un cheval d’attelage : les sulkies sont des voitures très légères et silencieuses, qui sont attachées par les brancards à un surfaix. Le système de sécurité est performant puisque la voiture se fixe et s’enlève d’un seul clic.
Mais le trotteur réformé ne connaît pas l’appui de la bricole sur les épaules. Il n’a pas non plus connaissance des actions des reculements.

[...]

Le trotteur de course attelée doit être re-débourré entièrement à l’attelage, pour apprendre à pousser dans une bricole et s’habituer à la présence des reculements entiers et à leurs actions.

Cela dit, rien n’est impossible, mais le cheval de course attelé n’est pas « clef en main » pour faire de l’attelage de loisir. Il faut reprendre étape par étape toutes les phases d’un débourrage à l’attelage normal

[...]

Il s’est déjà accoutumé à la présence de la croupière, du culeron, des œillères, à celle de la voiture qui le suit …

[...]

Avec tous ces points forts et une rééducation patiente, il est possible de transformer un cheval de course attelée en un bon cheval d'attelage de loisir, mais le chemin ne sera pas facile. Certains professionnels de l'attelage refusent de tenter cette rééducation en raison du temps, de l'énergie et de la patience qu'elle nécessite, ces conditions étant, on le déduit, peu compatibles avec la rentabilité.

Car il sait faire une chose : trotter et trotter en avançant fort ! La direction est parfois aléatoire, et le frein quasi inexistant. Le dressage aux aides du meneur, surtout à la voix et à la main, est souvent entièrement à revoir :

  • Réponse aux ordres vocaux : apprentissage de la base, vérification de la compréhension, révision, vérification de l’obéissance instantanée…

Ensuite il faut suivre un enchaînement logique et progressif.

  • Accoutumance aux pièces du harnais qu’il ne connait pas, étape par étape : reculements entiers, bricole, trait.
  • Accoutumance à l’action des reculements : l’action de l’avaloire qui pousse sur les fesses du cheval qui risque fortement de le surprendre !
  • Familiarisation avec des faux brancards : ils sont plus contraignants que ceux d’un sulky.
  • Simulation de traction : le poids qu’il doit tracter (traction, palette, pneu) est une chose nouvelle pour lui.
  • Simulation de traction avec bruit (même chose avec par exemple, des casseroles attachées) : le bruit que pourra faire la voiture qui le suit lui est inconnu.


Tout ceci est à faire à pied, aux longues rênes, avant même de pouvoir penser approcher une voiture. Il faut faire faire ses gammes régulièrement au cheval. Cette rééducation n’est pas toujours à la portée des acquéreurs, et dans ce cas, il faut absolument vous faire aider dans votre entreprise par une personne non seulement compétente, mais également convaincue que le succès est possible.

S'il n'a pas été entrainé (et c’est parfois le cas des réformés) le trotteur est particulièrement bien adapté à la discipline de l'attelage grâce à sa puissance et son sang froid ! Il s’illustre d’ailleurs dans les compétitions sportives d’attelage ! Mais pour cela, il doit être préparé par un débourrage soigné, méthodique et spécifique à cette discipline, comme tout autre cheval « neuf ».

[...]

Voici un tableau récapitulatif pour vous permettre de faire un choix en fonction de votre situation.

Avantages
Inconvénients
  • Très bon compagnon, gentil, calme, naturellement ni vicieux, ni agressif
  • Peu cher à l'achat
  • Habitué à travailler et à sortir en extérieur
  • Accoutumé à certaines parties du harnais : culeron, œillères
  • Accoutumé à la présence de la voiture
  • Ignore les actions réelles d'un harnais : bricole et reculements
  • Doit être entièrement rééduqué aux aides voix et mains
  • Ne connait ni la traction d'une charge lourde, ni celle d'une charge bruyante

 

 

Tag(s) : #rééducation reconversion des courses au loisir
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