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J'ai l'impression de réécrire le même article qu'il y a quelques temps, comme quoi, on oublie parfois des choses pourtant importantes...

ça va faire deux ans que j'avais écrit ça à propos du reculer

chat perché et travail du reculer

sauf que deux ans après, la bi-pède n'a pas tenu ses bonnes résolutions....

 

Je m'étais rendue compte à l'époque que, lors du travail monté, lorsque je demandais un reculer à mon cheval, je lui demandais toujours de reculer de 4 pas.

L'idée était alors de varier à chaque le nombre de foulées pour être certaine que ce soit bien la cavalière qui soit responsable de la transition du reculer vers la marche avant et non le cheval anticipant....

Sauf que le temps a passé et que cette histoire m'est sortie de l'esprit.

Et puis c'est tellement agréable d'avoir un reculer fluide, un cheval bondissant ensuite en avant...

Oui mais....

Oui, mais aujourd'hui cette histoire m'a retraversé l'esprit...

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J'ai voulu ne demander d'abord que 2 pas de reculer. Incompréhension manifeste du dadou qui a continué à reculer deux pas de plus, avant de répondre enfin à ma sollicitation de remise en avant... 2 et 2 , 4

Pour avoir 5 pas de reculer, là encore, problème, obilgée d'insister lourdement pour obtenir ce cinquième pas en arrière, avec un cheval en mode tête en l'air et dos creux...

Un Eros qui ne comprend pas, c'est très clair, un cheval qui se durcit, qui pèse sur la main, qui précipite... visiblement nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde...

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Et moi de m'interroger.

Peut-il avoir réélement enregistré dans son esprit reculer = 4 foulées et pas autre chose?

Est-il réellement capable de savoir qu'il a fait 4 pas en arrière pour "décider" que c'est le moment de se reporter en avant? Ou y a-t-il une contraction, une infime action chez moi qui le fait réagir?

En tout cas, une séance qui laisse songeuse...

Cela dit, sûr que cette fois je n'oublierai plus ce sujet et que désormais le nombre de foulées de reculer sera à géométrie variable... une fois qu'Eros aura accepté de changer ses habitudes!

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Un article au passage sur le site cheval savoir : L’intelligence est affaire de relation

 

cheval-savoir. intelligence

Extait concernant le fameux Hans

Je relirais l'histoire de Hans, le fameux cheval berlinois, à la lumière de cette leçon. Et c'est à une analyse un peu différente de celle qu'on a d'habitude proposée à cette situation que je vous inviterai dans les pages qui suivent. Car il est bien admis que la résolution de l'affaire a clôturé l'énigme. Je crois qu'il n'en est rien. Ici encore, me semble-t-il, la solution un peu rapide qui a été largement acceptée, doit se lire sous le signe du malentendu.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, je résumerai brièvement toute l'affaire. Elle s'est passée à Berlin, au cours de l'automne 1904. Hans, un cheval de quatre ans, aurait appris, avec son maître, Wilhelm von Osten, professeur de mathématique à la retraite, à additionner, soustraire, résoudre des racines carrées, sans compter le fait d'épeler les lettres de l'alphabet, de reconnaître des couleurs ou des notes dissonantes dans une mélodie. A la question " combien font deux et trois " ou " combien fait la racine carrée de 4 " Hans répondait, en martelant le sol de son sabot, un nombre de coups correspondant à la réponse attendue. L'affaire suscita l'enthousiasme et fit grand bruit, mais des suspicions de fraude commencèrent à circuler : le maître enverrait, à l'insu de tous, des signaux à son cheval pour lui indiquer quand il devait s'arrêter de marteler le sol. Les scientifiques, intéressés par cette affaire, décidèrent se s'atteler à cette énigme.

       Le psychologue Oskar Pfungst se mit alors au travail . Il ne lui fallut pas longtemps pour apporter une réponse au mystère. Son hypothèse de départ est simple : Hans a dû découvrir, par des moyens purement sensoriels mais totalement imperceptibles pour nous, des indices sur le moment où il doit cesser de marteler le sol. Il ne possède donc pas d'intelligence indépendante, il ne fait que réagir à des stimuli. Fort de cette hypothèse, Pfungst va la mettre à l'épreuve. Les diverses expériences semblent lui donner raison ; lorsque le questionneur n'est pas visible pour lui, le cheval ne peut plus répondre. Et Hans s'égare si le questionneur pose une question dont son questionneur ne connaît pas la réponse. Ce dernier, dès lors, sans s'en rendre compte, indiquerait au cheval quand il doit cesser son décompte. Il faut alors déterminer ce que Hans perçoit. A l'observation, Pfungst se rend compte que tous ceux qui questionnent Hans, à l'exception de son maître chez qui ce n'est pas perceptible, présentent, juste après avoir posé la question au cheval, le même minuscule mouvement : ils penchent très légèrement la tête et le tronc vers l'avant. Et lorsque ce mouvement est accompli, le cheval entreprend son travail de décompte. La tension monte chez le questionneur : le cheval va-t-il réussir ? Au moment où Hans arrive à son avant-dernier coup de sabot, son interrogateur se détend- " il va y arriver "-, il redresse la tête, ce que le cheval perçoit immédiatement : le dernier coup est donné, l'opération est achevée. Ces mouvements sont tellement inconscients et imperceptibles que personne, ni le questionneur ni les spectateurs, ne les ont perçus ; personne, bien sûr, hormis le cheval.

Le mystère, selon Pfungst, est donc bien résolu : Hans n'est qu'un lecteur musculaire, certes talentueux, mais ses compétences se limitent au fait de savoir réagir à des signaux. Pfungst peut même le prouver à qui le souhaite. Ainsi, pour rendre encore plus visible que ce sont bien les mouvements de la tête qui font agir le cheval, Pfungst montre par exemple qu'il parvient à obtenir de Hans, en se déplaçant légèrement et en agitant la tête, qu'il frappe alternativement et en cadence le sabot droit, le sabot gauche, le droit, le gauche, etc. Hans, affirmera encore Pfungst à plusieurs reprises, répond tout à fait mécaniquement. Il est, écrit-il, comme une machine qui a besoin, pour démarrer et fonctionner, d'une certaine quantité de combustible (sous forme de pain et de carottes).6
Or, ce que le psychologue raconte ici doit nous mettre la puce à l'oreille. On n'est finalement pas loin, dans ce qu'il décrit, de la technique de dressage, avec les résultats qu'elle produit7 . Et vous en conviendrez, ce que Pfungst décrit de son travail ressemble assez étonnamment à ce qui se passe dans le dispositif behavioriste avec le chien. Ce qui nous signale une chose : Pfungst n'a pas révélé le mystère du cheval, il a transformé le cheval afin de pouvoir réduire son mystère à sa propre équation : une équation qui pose que le cheval réagit à des stimulations très simples. Le maître de Hans, monsieur von Osten lui-même fera cette hypothèse, et le reprochera au psychologue : avec moi, Hans pouvait compter, avec vous, il a appris à se fonder sur des signaux ; vous avez transformé mon cheval.

Von Osten a partiellement raison, à ceci près que ce n'est pas l'intelligence conceptuelle que le dispositif a transformé : c'est ce que j'appellerais une " intelligence de l'accord ", une compétence qui fait que Hans emploie des méthodes très fines et très variées pour s'accorder à chacun de ses questionneurs. Le mystère de Hans, son grand talent, c'est de s'accorder aux relations. Avec ceux qui pensaient que le cheval pouvait résoudre des opérations compliquées, Hans les résolvait ; avec ceux qui pensaient que le cheval réagissait mécaniquement à des indices, le cheval a réagi mécaniquement à des indices. Ceci ne veut pas dire que le cheval pouvait résoudre ces équations : cela veut simplement dire que lorsque le cheval est interrogé avec confiance, il s'accorde à cette confiance, et s'avère capable de choses bien plus compliquées que de simples réactions à de simples stimulations caricaturales

Pfungst prétend avoir révélé la technique de Hans, il a en fait transformé cette technique, l'a appauvrie, et l'a réduite de multiples manières. D'abord, Pfungst opère une dramatique réduction du répertoire de sensibilité du cheval, toujours pour pouvoir s'en donner l'accès. Il a rendu Hans dépendant de la vision parce que c'était le seul mode possible pour l'étudier, parce que seule la vision pouvait faire un objet d'expérimentation dans son dispositif. Le cheval utilise normalement plusieurs canaux sensoriels, chacun de ses sens est impliqué dans ce qu'il perçoit - il est, selon l'expression des éthologues, un être polysensoriel. Certes, le cheval utilise sa vision, mais, selon la jolie expression de Jean-Claude Barrey, " il n'en croit jamais ses yeux ", il faut toujours qu'il confirme avec son nez. J'en tiendrais pour preuve supplémentaire le fait que les signaux visuels ne puissent être détectés chez von Osten. On ne peut envisager qu'une solution : parce que von Osten ne les envoyait pas, et que c'est par d'autres canaux que les choses se tissaient entre le cheval et son maître !

Mais ce que Pfungst réduit plus encore, c'est la dimension relationnelle de cette compétence. Il réduit la " réponse " à la " réaction ". Le psychologue a exigé de Hans qu'il vienne jouer sur son terrain ; il lui en a appris et imposé les règles. Or, Hans ne réagit pas aux signaux, il répond à celui qui les émet, ce qui change tout. D'une part, avec le psychologue, on aura une mécanique bien huilée ; de l'autre, avec son maître, un être qui fait tout ce qu'il peut pour s'accorder, ce qui suppose quantité de compétences, une fois que l'on sort du simple schéma du conditionnement : cela demande la " volonté de jouer le jeu " et de le faire bien, cela demande une grande sensibilité aux désirs de l'autre, cela demande la volonté de répondre à ce désir et à ces attentes et de s'y accorder. Pfungst tient finalement le même raisonnement que celui que tiendra Rosenthal : les attentes sont renvoyées au registre de la crédulité et de l'illusion, elles ne sont que des sources d'erreur. Or, la manière dont se déclinent et se croisent ces attentes témoigne en fait d'une aventure peu ordinaire et bien plus intéressante : celle au cours de laquelle deux êtres s'accordent8 sans que l'on puisse dire de l'un qu'il est la cause de l'acte de l'autre ; chacun, animal et humain, entraîne l'autre dans un désir qui devient commun. Et cette aventure de l'" accordage " requiert ceux de ces talents qui traduisent la véritable intelligence, celle qui n'advient que dans les relations : une intelligence à deux, une capacité d'attention à l'autre si forte qu'elle modifie chacun des partenaires et les conduit à faire émerger, en même temps que la capacité de répondre à l'autre dans un registre nouveau qui ne soit ni totalement humain ni exclusivement animal, des répertoires inédits et insoupçonnés de sensibilité.

Tag(s) : #séance de travail du cheval -dressage - CSO...
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