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A l'heure de l'ouverture des JO de Paris 2024, remettons à l'honneur Elvira Guerra, cavalière qui participa aux jeux olympiques de Paris 1900. Elle s'est classée 10ème sur 51 participants dans l'épreuve mixte du combiné «Hack & Hunter» (un mélange de travail sur le plat et à l'obstacle).
Née en 1855 à St Petersbourg, morte en 1937 à Marseille , Elvira Guerra fait partie des deux femmes ayant participé comme cavalières aux Jeux olympiques de Paris, en 1900, avec Mlle Moulin, où le saut d'obstacle devient discipline olympique, avec son cheval Libertin.
Petite fille Alessandro Guerra, célèbre propriétaire de cirques à Rome, en Espane, en Allemagne et à Moscou. En 1900, elle faisait partie des plus célèbres écuyères de cirque de l'époque.
Une rue à Bordeaux, où elle s'était retirée, porte son nom.
Jean-Louis Delton Elvira Guerra (1855-1937)
Paul Frecker provides the following comments:
"A cabinet card showing the beautiful equestrienne Elvira Guerra who took part for France in the Hacks and Hunters Combined event in the 1900 Olympics in Paris, the first games in which women were allowed to compete.
According to a pencilled inscription on the back of the mount of this photograph, her dates were c.1855-1937 and she apparently came from a line of what I assume were circus riders.
Photographed by Jean-Louis Delton of the Bois de Boulogne, Paris, who specialized in equestian portraiture. "
Quelques années plus tôt, ce qu'en disait le baron de Vaux :
Ecuyers et écuyères: histoires des cirques d'Europe (1680-1891)
Il ne me coûte pas de reconnaître que Mlle Guerra est une des rares femmes de cheval aimant l'art
pour l'art ; et que, comme écuyère de haute école, elle occupe la meilleure place -- après Anna Fillis.
Le travail de Mlle Guerra est empreint d'une volonté inflexible, d'une audace sans limites; elle connaît le danger pour le braver, les difficultés pour les combattre et les vaincre. Elle ignore la concession comme les compromis avec elle-même, et elle serait certainement la première écuyère du monde si elle s'était un peu plus imprégnée — qu'on me permette cette expression — del'école française. Elle n'aurait pas cette raideur de main, souvent préjudiciable à son talent, qui manque quelquefois de délicatesse, mais qui ne laisse jamais rien à désirer comme fini d'exécution.
Le fait seul de dresser ses chevaux, par conséquent de se passer de tout conseil, de toute expérience étrangère, constitue à Mlle Guerra une supériorité.
Elle aime passionnément son métier, elle travaille plus pour elle que pour le public, et tient essentiellement à être satisfaite d'elle-même avant d'être admirée.
Elle n'ignore rien de ce qui touche à l'équitation proprement dite et son travail des deux pistes, au pas, au trot et au galop est irréprochable de régularité et, de plus, exécuté avec un entrain et un brio très remarquables.
La position de Mlle Guerra ne laisserait rien à désirer avec un peu moins de raideur; voyez-la travailler, elle est fixe, immobile sur sa selle, absolument comme si elle y était soudée.
Une solidité inébranlable, une adhérence dont j'ai vu peu d'exemples, sont effectivement deux de ses qualités dominantes. Cavalière de premier ordre, Mlle Guerra pétrit en quelque sorte son cheval, dont elle joue comme un virtuose d'un instrument ; et le cheval, tout en étant un peu sur l'arrière-main, est agréable à voir.
Comme tous les grands écuyers anciens ou modernes,Mlle Guerra semble s'être plus particulièrement imprégnée dans un cheval, qui est et restera sa personnification, en quelque sorte son incarnation : Vest Croiani.
Il est pour elle ce qu'ont été le Maître de danse pour le comte d'Aure, Partisan pour Baucher, Mahomet pour Emilie Loisset, Conny pour Elisa Petzold, Sabatha pour Camille de Walberg, Gaulois pour Anna Fillis, etc. A quoi peuvent tenir ces sortes d'affinités ? Je l'ignore, maistout homme de cheval l'a éprouvé, quelle que soit d'ailleurs sa spécialité. Il reste toujours dans votre souvenir un cheval avec lequel vous étiez au-dessus de vous- même, comme il était, lui, avec vous supérieur à ce qu'il se serait montré sous un autre. J'attribue cette particularité à une sorte d'harmonie proportionnelle existant entre vous et l'animal, mais dont les règles échappent àl'analyse.
En dépit d'un ensemble assez lourd à l'écurie, Croiani est, dit le baron d'Étreillis dans des notes qu'il m'a données jadis sur cette écuyère, un magnifique animal à détailler : toutes les lignes sont longues et puissantes, l'épaule inclinée, la poitrine descendue, la longueur entre le garrot et la pointe de la hanche presque excessive.
Aussi, monté, il prend un tout autre aspect; il devient d'une remarquable légèreté et d'une rare élasticité. L'encolure est peut-être un peu chargée, ce qu'explique son état d'étalon, mais ces légères imperfections disparaissent dans un ensemble des plus complets que l'on puisse voir. C'est bien le cheval de Mlle Guerra, en ce sens qu'inépuisable dans ses ressources, comme sa maîtresse,parfois un peu impérieuse dans ses exigences, Croiani trouve toujours moyen de les satisfaire.
Plus il donne, plus elle demande. Vous pouvez rarement être huit jours sans la voir sous peine de trouver quelques phases de son travail changées.
Avec ce cheval, Mlle Guerra a encore un petit cheval blanc, qui mérite quelques mots. Sylvan est le cob irlandais avec lequel Mlle Guerra se présenta un jour, sous le voile de l'anonyme, dans un cirque de banlieue, pour voir l'effet qu'elle produirait sur ses habitués.
A l'apparition de cette écuyère d'une élégance irréprochable, de ce petit cheval blanc, s'avançant hardiment comme un coq de combat, un frisson d'admiration parcourut toute cette salle, composée d'éléments assez difficiles à définir. Ce fut bien autre chose au fur et à mesure que se déroulaient les phases brillantes du travail de Sylvan, au moment de sa valse; c'était du délire, la salle croulait. Cette soirée a dû laisser dans la mémoire de Mlle Guerra le souvenir de l'un des plus brillants deses nombreux triomphes.
Elvira Guerra sur son cheval Boy-Rhum II. 1910
Dans MONSIEUR CLOWN! De EDOUARD DE PERRODIL
Journal Gil blas mai 1884
Un succès qui n'est pas sans susciter jalousie et rivalités : Mlle Elvira Guerra, la charmante écuyère de l'Hippodrome, que la retraite de Mlle Elisa Pezold laisse aujourd'hui sans rivale en Europe, vient de manquer d'être victime d'un odieux guet-apens dont l'auteur, quel qu'il soit, ne saurait être trop sévèrement qualifié. Vendredi dernier, au moment où Mlle Guerra attendait son cheval pour faire sa promenade du matin son homme d'écurie vint lui dire qu'il était dans l'impossibilité de le lui amener, tous les contre-sanglons des quatre selles de Mlle Guerra ayant été coupés depuis la veille. Ce piège odieux avait été tendu avec une perfidie qui dénote chez son auteur une rare méchanceté et l'intention bien arrêtée de provoquer un accident grave. Les centre-sanglons n'avaient pas été purement et simplement coupés de manière à mettre les selles hors de service, mais bien fendus dans toute leur longueur dans l'épaisseur même du cuir, de telle sorte qu à l'extrémité de la coupure, ils n'avaient plus que l'épaisseur d'une feuille de papier et devaient nécessairement céder au moindre mouvement violent du cheval. Le hasard a déjoué fort heureusement cette ingénieuse combinaison, mais on frémit en pensant aux conséquences qu'elle aurait pu avoir. Si l'accident c'était, par exemple, produit dans le travail de Vroziani, au moment où Mlle Guerra le fait pirouetter sur une pointe presque pyramidale, nous aurions probablement à déplorer un malheur aussi grave que celui à la suite duquel s'est terminée la carrière de cette pauvre petite et si regrettée Emilie Loisset. Trois palefreniers de l'Hippodrome qui, sans être convaincus, sont soupçonnés d'être les auteurs de ce coupable guet- apens, ont été immédiatement congédiés. Qu'une semblable manœuvre soit attribuée à la jalousie d'une rivale, à une vengeance de laquais congédié, où à une méchanceté sans cause, elle n'en constitue pas moins une tentative de meurtre avec préméditation, et comme telle devient justiciable des tribunaux. Ce n'est du reste pas la première fois que Mlle Guerra manque d être victime de tentatives de cette nature. Le même fait s'était déjà produit la saison dernière. La célébrité et le talent ont leurs inconvénients, mais ceci dépasse un peu les bornes, et pour peu que cela continue, il faudra, pour faire entrer Mlle Guerra dans le manège, prendre les précautions auxquelles on a parfois recours en Angleterre pour les favoris du Derby, c'est- à-dire la faire entourer d'une escouade de boxeurs ou d'admirateurs pour la protéger contre ses ennemis.
dans le même journal en 1891, à propos de certains des chevaux de l'écuyère:
N'oublions pas non plus Cotnpéador, ce merveilleux cheval, avec lequel Mlle Guerra entrait dans le manège à ce brillant passage que le sang peut seul donner, et Rubis, un cheval élégant, distingué, léger, souple comme une anguille, qui faisait l'admiration de tous les amateurs.
Je suis personnellement très heureux d'ajouter que Mlle Guerra, comme femme, est une individualité fort originale. Comme beaucoup d'Italiennes, sa conversation est des plus plaisantes ; elle vit cependant très retirée, occupant les loisirs que lui laisse son rude métier à peindre des animaux et des fleurs, ce qu'elle fait avec une aptitude native qui, si elle était dirigée, ne tarderait pas à devenir un véritable talent d'amateur.
Elvira Guerra
Elvira Guerra présentant Alleluia en concours
Le sport universel illustré
une femme de cheval accomplie que l'on retrouve également en attelage
dressant elle même ses chevaux, et désireuse d'être autonome en toutes circonstances, elle avait également mis au point un système pour ressangler seule, sans être gênée par la sursangle de la selle d'amazone
Pas d'image malheuresuement
une cavalière qui dresse elle-même ses chevaux
1886