Savoir écouter nos chevaux, savoir comprendre , voir anticiper leur réaction, leurs gestes.... au bout de 16 ans de "vie commune" avec Eros, générallement, ça fonctionne à peu près, mais des moments d'incompréhension, il y en a toujours. Et c'est valable aussi en sens inverse.. des demandes de ma part peu claires, le langage du corps, fatigué, énéervé par tout autre chose, qui ne renvoie par du tout au cheval ce que l'on voudrait qu'il renvoie et qui produit une réponse qui n'est pas du tout celle que l'on souhaitait...
Alors dans ce contexte un livre intéressant à vous signaler
Parler aux chevaux autrement, Carlos Pereira
Présentation de l'éditeur
Par une approche rigoureuse, scientifique et technique, l'auteur propose une démarche originale : il met à la portée de chacun les outils des sciences du langage et offre une approche pédagogique novatrice avec des éléments techniques issus de sa grande expérience équestre pour mieux expliquer les règles fondamentales de l'équitation. Cet ouvrage inédit bénéficie de plus d une iconographie exceptionnelle avec des photographies et des dessins réalisés spécialement par deux des plus grands spécialistes du milieu équin. biographie de l'auteur
Enseignant spécialiste de la relation Homme/Animal à l'Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III, Carlos Pereira est fondateur de l'équitation portugaise en France, membre du Conseil Supérieur Pédagogique de l'Escola Nacional de Equitação à Lisbonne, et professeur d'équitation de tradition portugaise diplômé du Ministère des Sports Français (BPJEPS). Auteur de plusieurs écrits sur le cheval, il a étudié les divers systèmes d'éducation du cheval en Europe du XVe siècle à nos jours. Travaillant avec l'Institut National de Recherche Agronomique, il s'intéresse particulièrement à la communication interspécifique équin/humain.
Article dans cheval savoir
Enseignant à la Sorbonne Nouvelle, le chercheur démontre dans un ouvrage stimulant, aussi agréable à consulter qu'à dévorer d'un bout à l'autre comme une histoire de la communication, que l’art
équestre n’est rien d’autre que le langage qui unit l’homme et le cheval. Un postulat qui lui permet de relire les différentes cultures équestres comme autant de façons particulières de
communiquer. Et de nous initier à la mise sur pied d'un véritable code pour échanger d'espèce (humaine) à espèce (équine). Pas d'équitation supérieure aux autres sur le plan du langage,
souligne-t-il pourtant. « Chaque équitation est un mode unique de parler aux chevaux. Notre devoir est de protéger toutes les langues équestres ».
[...]
Je pense profondément qu'il n'y pas une, mais plusieurs équitations, qui fonctionnent selon leur propre code. Comme le portugais et le français sont issus du latin, l'équitation portugaise et
l'équitation française ont bien entendu des racines communes, mais elles constituent des façons différentes de dialoguer avec le cheval. A Saumur, comme à La Cense, chez les
« chuchoteurs », ou dans les haras portugais, le cheval est identiquement soumis, c'est-à-dire qu'il a accepté de rentrer en communication avec son cavalier.
[...] La posture et le poids du corps sont en soi un signe. Et l’on sait combien la posture des écuyers portugais justement, est caractéristique. Il y a aussi les signes vocaux, tactiles,
gestuels… La voix par exemple, est d’un grand usage en attelage. Mais il ne suffit pas de connaître les aides, il faut savoir les accorder. L'accord des aides, c'est la syntaxe de l'équitation,
c'est-à-dire la façon correcte d'en accorder les termes. Et cela n'est pas facile; synchroniser les signaux, avec la précision requise, suppose un véritable doigté. La même chose est vraie dans
toutes les autres disciplines. Travail à pied, attelage, voltige, travail de cirque, travail en liberté : ce sont autant de langues que l’on peut parler avec un cheval.
C.S. Malgré tout, tous les codes ne se valent pas, il y en a bien qui marchent mieux que d'autres?
C.P. L’équitation est un langue façonnée par une culture. Mais toujours à partir du corps du cheval. A la différence du langage humain, le langage de l’équitation n’est donc pas
un code totalement arbitraire et artificiel : pour fonctionner, il lui faut nécessairement prendre en compte le phénomène du mouvement. La plupart des signes avec lesquels on communique avec
lui sont bel et bien physiques. Par conséquent le signe, et son efficacité, ont toujours partie liée avec la biomécanique. Sur cette base là, il n’y en a pas de meilleurs que d’autres.
[...]
C.S. Qu'est-ce que cela change pour l'enseignement?
C.P. Le défi aujourd'hui, ce serait de parvenir à former les moniteurs, et à travers eux les élèves, aux fondamentaux de la communication inter-spécifique. Dire que l'équitation
est une langue c'est postuler que le cheval est un sujet avec lequel on communique, capable de donner du sens à ce qui se passe dans son environnement, et non pas une grande machine dont il faut
apprendre à manier la télécommande. On est loin de la conception comportementaliste des «behaviouristes » de l'éthologie, qui considèrent le cheval comme un être agi par des réflexes
conditionnés.
C.S. Communiquer avec le cheval plutôt qu'actionner des boutons, est-ce à la portée de tout le monde?
C.P. Tout le monde sait parler, mais tout le monde ne parle pas avec autant de raffinement ou de fautes d'orthographe. De même chacun peut acquérir le code de base de
l'équitation, ensuite, il y a différents degrés de finesse. La haute école utilise les signes les plus élaborés. Ce qui fait la complexité de l’art équestre, c’est qu’au code commun, se surimpose
le code de la discipline pratiquée, et qu'enfin le code est toujours aussi personnalisé. C’est cette dimension là qui rend l’équitation d’un Nuno Oliveira inimitable… Le cavalier utilise une
sémiotique qui est aussi celle de son propre corps.
Quelques pages à lire ici:
Pour terminer encore une fois avec Nuno Oliveira
Avant d'aller lire ici sur techniques-elevage:
Soyez à l'écoute de vos chevaux, et sutout essayer de leur parler (voix, corps, aides) le plus clairement possible!
Bon week-end à tous!
