MASTER CLASS AVEC LUCIEN GRUSS, une vidéo à revoir ici si vous n'avez pas vu la diffusion sur équidia:
Humilité, remise en question, (quand il dit qu'il veut apprendre à trotter assis), et leçon de dressage.. la descente de main... tout y est... à voir et revoir sans modération....
Et dans la série classe...
Scène de classe ordinaire… pour les fans des brèves d’instit ! Nath, je te l’avais promis, mais comme d’hab, toujours débordée.. après les sciences, l’écriture… (à suivre en commentaires)
Une journée à faire que maîkresse ou presque (à part le temps passé à la mairie pour l’inauguration du deuxième bâtiment la semaine prochaine et les 4 coupures de courant de la journée…, mais ni administratif ni social de plus que le courant..)
Séance de fin de journée, donc, comme nous en avons fait des dizaines depuis le début de l’année, copie d’une synthèse du travail sur les couleurs.
J’écris au tableau, je précise « vous écrivez exactement comme quoi » et je vais aider B. qui a des difficultés en maths pendant que les autres écrivent… (PS, j’ai cette année des CE1-CE2, 7/8 ans, donc normalement quelque peu autonome…. Quelque peu… !)
Une première main se lève « Maîtresse, on va à la ligne comme toi ? » « euh, oui, je viens de le dire… »
Une deuxième « Et nous aussi on doit souligner les mots que tu as soulignés ? » Non, non, c’était juste pour faire joli au tableau …Oui, bien sûr !!!!
Troisième « Après « rouge », on va à la ligne ? » J’ai dit qu’on allait à la ligne comme moi !!!! (un léger soupçon d’impatience dans la voix….)
Quatrième « Et après « Van Gogh (je vous épargne la prononciation) on saute une ligne ? » Oui, j’ai fait une croix, et depuis le mois de septembre , on est censé savoir qu’une croix faite au tableau correspond à une ligne à sauter….(voix à la limite de l’amabilité…c’est vendredi soir, je fatigue… )
Intervention de L, qui a toujours la répartie au bon moment, et sent le moment où je vais basculer du rire à l’énervement, un vrai bonheur de l’avoir dans ma classe « ça fait trois fois que la maîtresse elle dit qu’on doit écrire comme elle, donc bon, c’est pas compliqué ! »
Un instant de rire, j’en profite pour un œil circulaire et m’aperçoit que A. n’a encore rien écrit, regard perdu dans le vague … « Euh, A. on y va là, on a encore des choses à faire ensuite ! » , une nouvelle main, un grand classique... « Maîtresse , j’ai plus de place… !!!! » (toute l’angoisse du monde , le désespoir absolu…) « Tu as le choix, tu écris sur la table où tu tournes la page, j’avoue que j’ai une préférence pour une des deux solutions, à toi de trouver la bonne) et je vais enfin retrouver B….
Deux trois instants de silence, je tente d’expliquer à B ce qu’il n’a pas compris, une nouvelle main se lève, la voisine de A « Maîtresse, A , il n’a toujours rien écrit ! » … Je bondis jusqu’à la table en question, A. , grands yeux vides…. « J’ai pas de crayon. » « Tu en avais un tout à l’heure, il est peut-être par terre, tu as cherché (voix se voulant zen…), ou dans ta trousse ? » « Non, il était trop petit je l’ai mis à la poubelle » « Oui..et alors.. ? » « Ben, j’ai pas de crayon… » « Et donc tu arrêtes de travailler et tu attends qu’un nouveau crayon tombe du ciel juste sur ton cahier ? » « Ben, j’sais pas… » « (à la cantonade » Comment on fait lorsque l’on n’a plus de crayon ? » « (collégiale, sauf A)… On va voir dans la boîte à objets trouvés et s’il n’y en a pas , on demande à la maîtresse qu’elle nous en prête un… » « Voilà, donc A. qu’est ce que tu dois faire ? » « Ben j’sais pas.. » (On respire un grand coup, on donne un crayon à A sans plus de commentaire, nouveau regard circulaire, tout le monde écrit, un pas vers B. qui m’attend toujours…., une nouvelle main se lève….)
V. « Maîtresse, la dernière ligne, on doit l’écrire aussi…. ? »
Je lance un regard désespéré et complice vers mon groupe de dégourdis, qui a déjà fini depuis un moment, échanges de sourires, le bonheur… L. reprend la parole…. « Maîtresse, là je crois que c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase… » Et mon V. qui n’a pas compris l’expression de se tourner vers la cuvette sous notre radiateur qui fuit « Ah non maîtresse, il y a plus d’eau que ce matin, mais ça ne déborde pas ».
Fou rire général, sauf V. bien sûr à qui L devra expliquer la phrase,.. B attend toujours mon aide… regard désespéré de la maîtresse vers V…. M , du groupe des dégourdis de se tourner vers moi, « Maîtresse, j’ai fini, je peux lui passer mon cahier, le temps que tu es avec B. ce sera plus simple ? » Oui, voilà, on va faire comme ça… et on va finir la journée en leur racontant en histoire, parce que là… j’en peux plus… mais je les adore ! Parce que, même s’il y a des moments comme ce soir où ils légèrement usants, cette année, j’ai des élèves avec lesquels je peux vraiment rire et ça c’est chouette ! Et j’ai eu de magnifiques bouquets de feuilles aujourd’hui..vive l’automne …
Rideau !