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Après Caroline Loyo, biographie et parcours d'une autre amazone célèbre,PAULINE CUZENT, et de des deux soeurs Antoinette et Armantine

d'après Ecuyers et écuyères: histoires des cirques d'Europe (1680-1891) publié en 1893, par le baron de Vaux, Maxime Gaussen , Henri Meilhac et Victor Franconi

La famille Cuzent (Jolibois) compte de nombreux écuyers, la plus célèbre des trois soeurs fut Pauline, :ses deux sœurs, Antoinette et Armantine, deux brillantes écuyères, travaillaient sous le nom de Jolibois, qui était le nom d'artiste de leur père, modeste comédien de province.

Elève préférée du grand maître Baucher, Pauline Cuzent succéda à Caroline Loyo, comme écuyère de haute école.

L'apparition de Pauline Cuzent, dont le nom est resté légendaire dans les annales du cirque, fut une vraie révélation. Sans être tout à fait jolie, il était impossible de ne pas la trouver charmante, lorsqu'elle paraissait à cheval; il y avait en elle une finesse, un sentiment innés, sans lesquels on ne monte jamais bien à cheval.

Son travail était aisé, coulant, surtout exempt de toutes ces contorsions que, sous prétexte d'équitation allemande, on nous a tant exhibées depuis; aussi, nous n'hésitons pas à affirmer qu'à cette époque Pauline Cuzent était le type idéal de l'amazone élégante.

Particularité bizarre, elle était atteinte d'une claudication naturelle; ce qui ne l'empêchait pas d'être très solide, adroite et très gracieuse à cheval. On sentait qu'il n'y avait qu'à ouvrir la porte du manège pour qu'elle se changeât en une femme du monde, montant remarquablement, se servant d'un cheval pour sa distraction ou son plaisir.

Les partisans — et ils étaient fort nombreux — du grand professeur la citaient toujours comme la seule femme montant parfaitement et selon les vrais principes de la méthode. Baucher avait trouvé en Pauline Cuzent un terrain merveilleusement préparé : il n'eut pas grand'peine à y semer le bon grain.

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Pauline était née en 1815 ; elle appartenait à cette brillante famille des Cuzent qui, depuis le commencement de ce siècle, rayonnait en France et à l'étranger (quand la guerre le permettait, car on était en pleine épopée impériale), avec son Cirque ambulant.

Paul Cuzent, le frère de Pauline, un des plus grands voltigeurs que l'on ait vus ; c'est lui qui, le premier, fit la Poste aux chevaux, travail de voltige sur vingt-quatre chevaux, passant entre ses jambes et sur le dos desquels il faisait le grand écart.

Paul Cuzent était un bel homme, fort agile, excellent musicien, même compositeur. Il a laissé plusieurs œuvres musicales fort appréciées, notamment un Galop infernal du Jugement dernier et la musique du travail de plusieurs chevaux de haute école, celle de Partisan, le fameux cheval de Baucher. Paul Cuzent fut le premier directeur de cirque qui alla en Russie; il y fit fortune; il fit les beaux jours de la cour du tzar Nicolas ler. Il mourut à Saint-Pétersbourg en 1856 victime, ainsi que son beau-frère du choléra asiatique.

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Pauline, née, comme je l'ai dit plus haut, en 1815, entra toute gamine au théâtre Séraphin, où elle jouait du cornet à piston. Plus tard, elle signa un engagement avec le Palais-Royal, où elle remporta, comme artiste alors, de nombreux succès. Elle fut même pendant quelque temps l'étoile de ce théâtre. Mais ce qui l'attirait surtout, c'était le cirque. Elle y allait chaque jour voir travailler ses frères et ses sœurs ; c'est à une de ces répétitions qu'elle fit la rencontre de Baucher, qui lui proposa de lui donner des leçons d'équitation, et il en fit une écuyère d'élite.

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Ses débuts, qui eurent lieu en 1835 au Cirque des Champs-Elysées, eurent un grand retentissement.

A cette époque, le cirque n'était pas le beau monument que nous admirons aujourd'hui, mais bien un cirque en planches aménagé le plus confortablement possible; c'est sur le fameux « Buridan », cheval de haute école dressé par Baucher, qu'elle parut pour la première fois en public. Elle obtint un grand et légitime succès, et ce parce qu'elle s'est toujours tenue dans le cercle d'une équitation saine et régulière : le piaffer, le passage, le travail au galop qu'elle exécutait avec un fini et un brillant dont on ne peut plus se faire une idée bien exacte.

Le caractère distinctif de l'École française a toujours été de travailler le cheval sur « une mise en avant » même dans les mouvements les plus serrés. C'est en se conformant à ces principes, qui étaient ceux de Baucher, que Pauline Cuzent est arrivée à être une des individualités les plus saillantes du monde équestre.

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 Henry PLATTEL - Pauline Cuzent, montant Buridan, une selle d'amazone avec balancine et une fourche droite très haute

 

Sûre d'elle-même et pouvant désormais voler de ses propres ailes, Pauline Cuzent, après avoir acheté à Baucher plusieurs de ses chevaux de haute école : Buridan, Partisan, Capitaine, et le cheval sauteur Auriol, partit pour la Russie, rejoindre ses frères et sœurs. Là, comme à Paris, elle se fit remarquer, et elle fut tellement remarquée que de tous côtés on la demanda comme professeur; elle finit par céder, et elle donna des leçons à toutes les grandes dames russes et même aux grandes duchesses, qui l'aimaient beaucoup. Malheureusement Pauline était d'une santé délicate : le climat lui fut fatal, elle fut obligée de revenir à Paris, où elle mourut en 1855 de la poitrine.

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

Pauline Cuzent (c.1850), from Signor Saltarino's Pauvres Saltimbanques (Düsseldorf, Druck und Verlag von Ed. Lintz, 1891)

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

un article la concernant dans Le sport universel illustré

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

La famille triomphe à Vienne:

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

dans l'argus

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

sa soeur Antoinette CUZENT écuyère également , épousa d'abord Jean LEJARS, écuyer puis Jules Sébastien dit Jules MONJAUZE ténor, elle s'illustra essentiellement comme danseuse, mais participa aussi à des numéros équestres

Mme LEJARS (dans les “Dames colonels” ;c’était un numéro créé en 1839 qui était composé de 9 écuyères célèbres revêtues d’uniformes somptueux et sophistiqués.

c’est également elle qui incarnait “La Sylphide”

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

A noter que Mme LEJARS avait servi de modèle au sculpteur PRADIER pour la statue représentant THISBÉ placée sur le fronton du cirque des Champs Elysées

:Mme Lejars était fort belle, le sculpteur l'a représentée accroupie sur son cheval, coiffée d'un bonnet de Phrygie et armée d'une hache à deux tranchants

L'écuyèrc qui servit de modèle était Antoinette Cuzent, soeur de l'artiste équestre Cuzent et d'Armentine Cuzent (devenue Madame Colombet ), qui, comme elle, travaillaient chez M. Franconi. D'une beauté parfaite et d'une grâce merveilleuse, elle épousa, à l'âge de 15 ans, un jeune écuyer nommé Lejars, en compagnie duquel elle quitta, en décembre 1842, le cirque des Champs-Elysées, pour l'Allemagne.

Ayant perdu son mari, l'écuyère ne reparut au cirque que longtemps après et quand elle
eut épousé en secondes noces l'acteur Monjauze, de l'Opéra-Comique.

Plus tard encore, en cheveux blancs, l'infortunée y devait revenir, à titre d'ouvreuse,cette fois, ou à peu près, et ce poste infime,offert à sa misère, ne devait précéder que de peu de temps son hospitalisation dans une maison de vieillards.

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

Paul Cuzent, fils d'un acteur de province, est l'âme de toute sa famille; c'est lui qui a fait de ses soeurs des écuyères hors ligne, de véritables artistes. Quand Paul a parlé, tout le monde obéit; il a sur sa famille l'influence du maître sur l'élève, du chef de famille sur les enfants, de la haute intelligence sur les faibles ; toute cette famille ne forme qu'un corps: Paul en est la tète, les autres en sont les bras. Et Lejars, écuyer remarquable, qui, au milieu de tant d'admirateurs de la jolie Antoinette, est devenu l'époux de cette Taglioni équestre, Lejars aussi a subi l'influence, il est l'adepte, le disciple de Paul, qu'il a toujours suivi, et avec lequel il n'a différé dé manière de voir que par son culte pour les pièces de vingt francs.

Paul Cuzent n'est pas seulement l'habile écuyer que la Poste royale* porté jusque sur les ailes de la Renommée, c'est encore un musicien remarquable, jouant de tous les instruments, de la flûte et du violoncelle, du piano et du cornet à piston ; Paul Cuzent est aussi un compositeur gracieux ; il a fait la musique qui accompagne presque tous les exercices équestres des pensionnaires de M. Dejean.

Partisan, Buridan, Neptune, ces merveilles à quatre pieds, créées pour ainsi dire par Baucher, semblent avoir compris l'oeuvre musicale que Paul a écrite pour eux. Tout le monde a écouté avec plaisir, applaudi avec enthousiasme, la gracieuse mélodie .
Paul Cuzent n'a jamais étudié l'art de l'harmonie ; il est musicien comme il est écuyer; il est venu au monde au milieu des troupes nomades, et le gitanos, le bohémien, c'était un artiste!

Resté orphelin à dix-huit ans, Paul Cuzent éleva seul ses trois soeurs, dont il devint le tuteur, le professeur, le père; il les a préservées du contact dangereux des banquistes, des saltimbanques, que dans sa vie nomade il retrouvait partout où il y avait une fête populaire. Sa
force herculéenne le faisait redouter de tous ceux qui ne se font aucun scrupule d'associer à leur débauche la jeune fille innocente, l'orpheline que la sagesse seule protège ;l'amour fraternel du jeune écuyer était le palladium de ses soeurs, qui regardaient Paul comme leur
père, comme le patriarche de la famille.... et ce patriarche avait dix-huit ans..

Sa soeur Antoinette (M" Lejars) est la plus jolie, la plus gracieuse écuyère que je connaisse ; danse légère et voluptueuse, sa hardiesse dans les dangereux exercices de la voltige l'ont fait comparer aux Sylphides, aux Bayadères, et l'ont fait surnommer la Taglioni du Cirque!...

Et cette vaporeuse émule de Terpsichore est musicienne aussi; cela vient de naissance je l'ai vue faire sa partie dans un concerto, et jouer...... de l'ophireïde... Vous figurez-vous celte jeune femme, qui vous a fait battre le coeur et croire aux êtres aériens, soufflant comme un trompette de cuirassiers dans ce monstrueux instrument de cuivre ?...

Madame Colombet, la plus jeune des soeurs de Paul , est l'émule de madame Lejars; c'est aussi une tomme jolie une charmante danseuse, qui a quitté, il y a quatre ans, le Cirque et sa famille pour suivre à Berlin son mari, directeur d'une troupe équestre. Tout ne fut pas rose dans le mariage pour la jeune Armantine; la mort de Colombet est venue la soustraire à un joug incessant et la rendre à sa famille.

Lejars partit pour Berlin aussitôt la nouvelle de la mort de son beau-frère, il allait recueillir ta jeune veuve et deux orphelines.... C'est là une bonne action qu'il accomplissait au nom de la fa-
mille de l'intéressante Armantine; mais il était parti de Paris sans permission, et pendant les quarante jours que dura le voyage, son directeur lui imposait une amende de cinquante francs par jour.... Le tribunal réduisit de beaucoup le chiffre total de l'amende encourue, dont le
montant fut payé par Lejars et Paul Cuzent.

Madame Colombet va épouser, dit-on, un jeune écuyer nommé Karl Berg, transfuge du cirque des Champs-Elysées

Lejars et Paul Cuzent se sont associés, et ont formé, avec leur famille, une troupe équestre des plus remarquables ; ils vont exploiter la Hollande, l'Allemagne, la Prusse, la Pologne et la Russie.

Ecuyères et amazones des cirques d'antan 2, Pauline Cuzent / Antoinette CUZENT / Armantine Colombet

Armantine connut un destin malheureux

4argus 1847

Tag(s) : #Equitation en amazone spectacle écuyère de cirque
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